06 juin 2018
Carnet / Du vertige et de l’angoisse de la page noire
La relecture d’un livre au stade du manuscrit ou des premiers jeux d’épreuves est une phase durant laquelle il peut m’arriver de détester mon texte. Dans ces moments, je me dis qu’il faudrait cesser d’écrire, qu’il est ridicule de continuer d’ajouter des pages à toutes celles qui sont noircies dans le monde. Seul devant mon écran, le même vertige peut me saisir que dans une grande librairie où chaque ouvrage attend d’entrer le plus souvent quelques heures ou plus rarement toute une vie dans la tête de quelqu’un. Le vertige est aussi celui du néant : la tentation de jeter les épreuves papier au milieu des bûches qui flambent dans la cheminée ou de cliquer sur supprimer dans le menu du logiciel. Mais si écrire de la fiction romanesque, des essais ou de la poésie n’est pas une bonne idée, détruire ce que j’ai écrit n’en est pas forcément une meilleure. Alors, puisque la nature a horreur du vide...
Photo : vertige à Porto (photo © Ch. Cottet-Emard)
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25 mai 2018
Carnet / Du « tout à l’ego »
Je ne comprends pas la défiance actuelle à l’encontre de la littérature autobiographique. J’en suis quant à moi très friand car la vie des autres m’intéresse au plus haut point. Je suis toujours curieux de voir comment mon semblable se débrouille dans la vie, quel regard il porte sur son passage terrestre et comment il met tout cela en scène. Très souvent, je trouve l’autobiographie beaucoup plus intéressante que le roman, non pas parce que le récit est vrai ou supposé tel mais parce que d’une certaine manière, l’individu qui écrit sa vie, même s’il n’est pas écrivain, met en œuvre, parfois sans le savoir, les outils et la machinerie du romancier.
L’objection à l’autobiographie la plus fréquente que j’entends est celle de l’excès d’ego, le tout à l’ego pour reprendre le jeu de mot péjoratif d’une de mes connaissances. Je ne partage pas cette opinion, sous réserve, bien sûr, que l’ego ne soit pas démesuré au point d’en devenir grotesque. Les œuvres sans ego ou qui se prétendent ainsi m’ennuient et d’ailleurs, je ne suis pas sûr qu’elles existent. Je discutais récemment avec un poète qui m’affirmait vouloir faire disparaître toute forme d’ego dans ses écrits. Il semblait sincère mais j’avais du mal à le croire. Quant à ses poèmes, à mes yeux privés de cette dimension essentielle, ils ne me parlaient pas du tout.
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19 mai 2018
Carnet
23:45 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jeunisme, maldie de vieux, blog littéraire de christian cottet-emard, carnet, note, billet, journal, prairie journal